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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/60

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LES BELLES-DE-NUIT.

René monta au salon pour lire tout à son aise les lettres conquises. Il s’applaudissait de son œuvre et triomphait vis-à-vis de lui-même. Au salon, il rencontra maître Protais le Hivain, surnommé Macrocéphale, qui l’accueillit avec des saluts plus respectueux encore qu’à l’ordinaire.

Quand il eut achevé de saluer, Macrocéphale entra en matière en disant que la plus chère passion de sa vie était de se faire hacher en mille pièces pour le service du maître de Penhoël.

En conséquence, il s’était chargé d’un message bien fâcheux, afin d’en adoucir les termes dans la mesure du possible.

Le message de maître le Hivain portait en substance que René de Penhoël avait vendu par acte en due forme et sous condition de réméré la terre de son nom à M. le marquis de Pontalès, pour entrer incontinent en jouissance.

— Conséquemment, poursuivait Macrocéphale, mondit sieur de Penhoël ne doit point s’étonner si mondit sieur Pontalès lui fait signifier par les présentes… ou plutôt, se reprit l’homme de loi, lui donne poliment à entendre… car je ne suis pas un huissier, Dieu merci !… qu’il faut déguerpir et vider les lieux… ou pour mieux dire s’en aller tout bonnement… cela dans le plus bref délai, dont acte.