Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
LES BELLES-DE-NUIT.

qui nous a fait parfois sourire : nous voulons parler de son aversion pour la Bretagne. Peut-être eût-on trouvé, dans ce sentiment même, la source de l’intérêt si grand qu’il prenait au récit de Robert. Nous disons peut-être, car, avec ces natures exceptionnelles, il faut se méfier des inductions, et si Montalt avait un secret, il ne l’avait confié à personne…

Il y avait bien un quart d’heure qu’il était sorti du bal. Depuis ce temps, il restait immobile et comme anéanti. Ses bras tombaient le long de son corps ; sa belle tête, renversée sur les coussins du divan, exprimait la détresse amère et désespérée.

Il se redressa au bout de quelques minutes, et passa le revers de sa main sur son front que baignait une sueur froide.

— Non !… murmura-t-il, je ne veux pas avoir pitié… Je veux sourire… sourire comme tout à l’heure, dût mon cœur se briser, en songeant qu’ils peuvent être malheureux aussi… que la main de Dieu, s’il y a un Dieu, a pu s’appesantir sur eux !… qu’ils souffrent !… qu’ils se meurent !…

Il se couvrit le visage de ses mains.

— Oh ! fit-il avec un sanglot dans la gorge, n’y a-t-il pas des années que je les déteste ?… Tant mieux ! tant mieux ! si le hasard me venge !…