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LES BELLES-DE-NUIT.

leurs songes d’enfants, qui pût se comparer à ces splendeurs enchantées.

Quand la danse fit trêve, au delà des tilleuls, quelques couples se dirigèrent vers cette partie du jardin qui, jusqu’alors, était restée déserte.

Diane et Cyprienne quittèrent la croisée, afin de n’être point aperçues.

Ce mouvement les força d’examiner la pièce où elles se trouvaient.

Il n’y avait là aucun miracle nouveau, et pourtant les deux jeunes filles durent s’étonner encore.

C’était une pièce assez vaste, ayant deux portes dont l’une communiquait avec le boudoir, et dont l’autre était fermée à clef. Quelques siéges modestes en formaient tout l’ameublement, avec trois ou quatre armoires vitrées. Mais, dans ces armoires et entre chacune d’elles, le long des boiseries, pendait un pêle-mêle de costumes d’une richesse extrême. Il y en avait de tous les pays ; il y en avait de tous les temps. On eût pu se faire là, suivant sa fantaisie, Turc ou Turque, Persan ou Persane, brahmane ou devedaskee, châtelaine du moyen âge, dame du temps de Louis XIII, marquise Pompadour ou déesse de la Raison, car les costumes féminins étaient en majorité ; et parmi ceux de l’autre sexe, le plus grand nombre, par leur taille et leur coupe,