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LES BELLES-DE-NUIT.

L’oncle Jean s’assit auprès d’elle, et prit ses mains, qu’il serra tendrement dans les siennes.

— Et pourtant, continua-t-il en retrouvant son mélancolique sourire, j’ai tort de murmurer, car aujourd’hui, Dieu m’a envoyé un espoir… Marthe… ma petite Marthe !… si le pauvre vieillard pouvait vous secourir !…

Il baissa la voix comme pour faire une confidence.

— Écoutez ! reprit-il, je crois bien que nous ne serons pas longtemps malheureux désormais… Comme je revenais ce soir, harassé de fatigue et le découragement dans l’âme, j’ai entendu, par la fenêtre ouverte d’un rez-de-chaussée, un bruit bien connu à mon oreille… des fleurets qui se choquaient… et le coup de fouet de la sandale, claquant contre le sol… J’étais auprès d’une salle d’armes… Autrefois, du temps de ma jeunesse, je faisais un fier tireur, ma petite Marthe !… C’est moi qui donnai des leçons à notre Louis, la plus forte lame de Bretagne !…

À ce nom de Louis, le regard fixe de Madame eut un rayonnement soudain et fugitif.

Jean de Penhoël continua sans prendre garde :

— Comme il se tenait sous les armes !… Il me semble le voir encore ferme sur ses jarrets d’acier, vif à l’attaque, prompt à la parade… Ah ! il était devenu plus fort que son maître, le