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LES BELLES-DE-NUIT.

« — Monsieur, avez-vous besoin d’un prévôt pour votre salle ?

« Le professeur m’a toisé d’un regard dédaigneux.

« — Est-ce qu’on faisait des armes avant le déluge ? m’a-t-il demandé.

« Toujours mes malheureux cheveux blancs !

« — Je pense bien que l’art a fait des progrès…, ai-je répondu, et sous votre direction savante…

« — Mon vieux, on n’apprend plus rien à votre âge !

« — C’est que j’ai grand besoin…

« — Je vous demande si cela me regarde !…

« Je m’en allais tristement, lorsqu’il se ravisa pour mon bonheur.

« — Au fait, dit-il, je n’aime pas à renvoyer comme ça les pauvres diables… J’ai besoin de quelqu’un pour balayer la salle, moucheter les fleurets et mettre tout en ordre… vingt francs par mois : l’ancien, ça vous va-t-il ?…

« Si cela m’allait, ma pauvre petite Marthe !… vingt francs par mois !… Comme je l’ai remercié !… Et j’entre en fonctions dans huit jours… Entends-tu bien ?… nous n’avons plus qu’une semaine de misère ! »

Le pauvre oncle Jean ne se possédait pas de joie.