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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/242

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LES BELLES-DE-NUIT.

dans cette chambre solitaire, où ses jours s’écoulaient si tristes, son cœur travaillait à son insu.

Elle aimait, non plus de cette amitié douce du premier âge ; elle aimait d’amour…

Chaque fois que sa pensée se tournait vers l’avenir, Vincent était là toujours, partageant la joie comme la peine.

Il ne lui semblait pas possible que Vincent pût lui manquer jamais. À cet égard, elle ne se faisait nulle question. Il était là, le compagnon naturel de sa destinée.

Pauvre Vincent ! Il y avait maintenant huit grands mois que son départ de Penhoël avait arraché à la jeune fille quelques larmes distraites. Qu’était-il devenu ? Pendant ce long espace de temps, point de nouvelles ! S’il lui était arrivé malheur !…

À cette pensée, Blanche avait froid au cœur. Tout ce qui lui restait de courage l’abandonnait. L’avenir se voilait pour elle.

Car les choses avaient bien changé pendant ces huit mois, et l’amour était venu durant l’absence.

Mais ce n’était pas seulement la pensée des amis dont elle était séparée qui chargeait de tristesse le pâle front de l’Ange de Penhoël.

Il y avait en elle une inquiétude confuse qui prenait sa source dans la souffrance physique.