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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/261

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CHAPITRE XVI.

Au lieu de répondre, Édouard fit deux ou trois pas dans l’antichambre en feignant de chanceler.

Léon, pendant cela, caressait sans façon, du revers de la main, la joue de la jolie camériste.

— Bonsoir, Lisette !… dit-il.

— Du tout, Marton, du tout !… ajoutait M. Édouard en faisant le moulinet avec sa badine ; nous ne nous trompons pas, mon enfant… nous venons faire une petite visite à ta belle maîtresse.

Il pirouetta sur lui-même, et planta par derrière un gros baiser sur le cou nu de la camériste.

Thérèse n’était point suspecte d’austérité. Elle entendait parfaitement la plaisanterie ; mais en ce moment elle avait plus envie de se fâcher que de rire.

— Ah çà ! mes petits…, dit-elle, vous êtes ivres ou fous. Pour qui nous prenez-vous, s’il vous plaît ?

— Toi, Marton, répondit Édouard, je te prends pour la plus jolie fille que j’aie embrassée depuis une semaine !

— Et quant à ta maîtresse, Toinette, ajouta Léon, nous la prenons pour ce qu’elle est… la belle des belles, morbleu !… la ravissante des ravissantes… Va nous annoncer, mon ange…