quatre étages qui séparaient leur chambre de la rue avaient achevé d’épuiser leurs forces.
Cyprienne s’était laissée choir sur une chaise. Diane était tombée à genoux devant le lit, et sa tête brûlante se cachait entre ses deux mains.
En ce moment, il n’y avait aucune différence entre les deux jeunes filles : le courage de Diane fléchissait enfin, et son accablement égalait celui de Cyprienne.
Elles ne se parlaient point ; un voile était sur leur pensée confuse. Elles se laissaient aller à l’engourdissement du désespoir.
En ce moment de suprême lassitude et d’apathie profonde, elles ne songeaient même pas à la rencontre qu’elles venaient de faire.
Il y avait à peine deux ou trois minutes qu’elles avaient vu Blanche de Penhoël, leur cousine aimée, et nulle parole ne s’échangeait entre elles à ce sujet.
Elles ne pouvaient plus… Et pourtant, par suite de circonstances que nous connaîtrons bientôt, Diane et Cyprienne étaient à même de mesurer l’importance de cette rencontre fortuite.
Diane et Cyprienne n’ignoraient rien de ce qui s’était passé à Penhoël, après la nuit de la Saint-Louis. Elles savaient l’enlèvement de l’Ange, l’expulsion des maîtres du manoir et tout ce qui s’y rattachait.