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LES BELLES-DE-NUIT.

que de brillants rêves et que de promesses menteuses !… N’était-ce pas plus beau que le paradis même ? Du pain, mon Dieu ! du pain !… Faut-il nous châtier si cruellement pour avoir été aveugles ?… Sainte Vierge ! vous savez bien que si nous avons abandonné la maison de notre père, ce n’était pas pour nous ! Sainte Vierge, ayez pitié !… du pain ! un peu de pain !…

Elle se tordait en une sorte de délire. Et Cyprienne, accablée, morne, ne prenait point garde.

Il y avait deux jours entiers qu’elles n’avaient mangé.

La veille, elles avaient encore un dernier morceau de pain. Mais Marthe de Penhoël, son mari et le pauvre oncle Jean souffraient non loin de là d’une misère pareille. C’étaient eux qui, sans le savoir, avaient mangé le dernier morceau de pain de Diane et de Cyprienne…

Diane poursuivait, soutenue par sa fièvre :

— Pourquoi ces choses sont-elles possibles ?… Pourquoi Dieu laisse-t-il ces espoirs insensés entrer dans le cœur de deux pauvres enfants ?… Était-ce un crime que de vouloir défendre ceux que nous aimions ?… Oh ! maintenant que nous voyons notre folie, comment y croire ?…

Elle eut un rire amer et désolé.

— Te souviens-tu de ce que nous venions