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Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/92

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LES BELLES-DE-NUIT.

rieux !… Vous ne voulez pas me dire où est votre ancien maître ?

— Ici.

— À merveille !… J’ai cru apercevoir madame Lola… me suis-je trompée ?

— C’est elle qui vous a mise à même de jouer cette dangereuse comédie, n’est-ce pas ?… demanda vivement le comte.

— Me suis-je trompée ? répéta la jeune femme.

— Non.

— Vous êtes au moins véridique… et vous avez raison, M. Blaise, car je ne suis pas en humeur de vous épargner !…

— Mais qui êtes-vous, au nom du ciel ?

— Vous qui avez été si longtemps en Bretagne, vous savez bien que les pauvres jeunes filles, mortes avant le mariage, reviennent sur terre parfois…

Blaise tressaillit. Il lui semblait que les yeux de la bayadère brûlaient, derrière son masque de velours, comme deux charbons ardents.

— Et vous savez bien, reprit-elle en donnant à sa voix des inflexions profondes, que Dieu renvoie parfois ici-bas les victimes pour dévoiler le crime des assassins…

Blaise n’interrogeait plus. Mais il regardait toujours la jeune femme, attachée à son bras,