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CHAPITRE XXII.

et parce que vous avez deviné notre secret !

— Et si je vous pardonne ?…

— Alors, nous vous pardonnerons.

Montalt les attira vers lui et réunit leurs têtes charmantes sous un même baiser.

— Merci, mes filles…, dit-il.

— Merci, père…, répondirent en même temps les voix caressantes des deux sœurs.

Montalt resta quelque temps à les contempler en silence. Il n’était plus forcé de feindre pour cacher sa tristesse ; une expression de joie recueillie éclairait son visage.

— C’est vrai, pourtant, dit-il ; j’ai deviné un secret, moi !… moi qui laisse toujours sommeiller mon esprit !… Je vous aime si bien, mes enfants chéries, que j’ai fait une fois comme tout le monde… J’ai oublié que j’étais mort et qu’il n’y avait plus en moi ni curiosité ni désir… J’ai travaillé, j’ai tâché de lire dans le regard… et j’ai réussi.

— N’avez-vous appris que cela ?…, demanda Cyprienne en jouant l’indifférence.

— Rien que cela, mademoiselle Berthe…, répliqua le nabab. Soyez tranquille… Je ne sais pas le nom de votre vieux père, qui est un gentilhomme !… Je ne sais rien, sinon que je vous aime et que je suis heureux de vous avoir là toutes deux contre mon cœur…