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CHAPITRE XXIII.

pourtant immobiles à l’autre bout de la chambre. Quelque chose les retenait loin de ce lit, où s’accomplissait un mystère qui les épouvantait.

Blanche ne les voyait point ; elle se croyait seule. Elle disait parmi ses plaintes :

— Mon Dieu, ayez pitié de moi !… Sainte Vierge, vous qui savez si je suis innocente, ne me laissez pas mourir sans secours !… Oh ! ma mère ! ma mère ! si tu savais comme je souffre !…

L’affaissement et la fatigue faisaient trêve un instant à sa torture. Diane et Cyprienne voyaient alors sa tête charmante se renverser sur l’oreiller.

Elle était si pâle qu’on eût dit une morte.

Ses yeux se fermaient. Ses grands cheveux blonds tombaient, épars, sur son front et sur ses joues.

Et, chaque fois que les douleurs se calmaient, le doute revenait dans sa conscience d’enfant, où il n’y avait que de purs souvenirs.

— C’est impossible !… murmurait-elle ; je suis folle !… Les jeunes filles comme moi ne sont pas mères !… Mon Dieu ! si je dois mourir, ôtez-moi cette pensée qui m’empêche de prier.

Diane et Cyprienne écoutaient stupéfaites ; elles ne pouvaient deviner la vérité bizarre et incroyable ; mais leurs cœurs n’avaient pas