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LES BELLES-DE-NUIT.

À l’autre extrémité du foyer, madame la marquise d’Urgel s’enfonçait dans une bergère et tenait ses yeux cloués au plancher. Elle avait à la main un flacon de sels, dont elle se servait fréquemment. Son visage était très-pâle ; toute sa personne gardait des traces visibles de l’émotion qui avait agité sa nuit.

Robert était pâle aussi, plus pâle peut-être que la marquise, mais il portait la tête haute et une sombre résolution était dans son regard.

Il pouvait être neuf heures du matin.

Nos quatre compagnons venaient d’avoir un entretien où les reproches amers et les chagrines récriminations s’étaient croisés en tous sens.

Le plus maltraité avait été le pauvre Bibandier, qui ne savait comment excuser sa faiblesse.

Sans lui les deux filles de l’oncle Jean ne seraient jamais revenues inquiéter l’association !

Il avait essayé d’abord de protester de son innocence ; il avait affirmé sous serment que, la nuit de la Saint-Louis, Diane et Cyprienne étaient descendues toutes deux au fond de l’eau avec une pierre au cou.

Mais l’évidence le terrassait.

Diane et Cyprienne vivaient.

— Écoutez !… dit-il enfin avec l’émotion du coupable qui avoue son crime, j’avais bu tant de cidre ce soir-là !… et puis je sentais bien que