Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 5, 1850.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
LES BELLES-DE-NUIT.

Elle se voyait descendre la pente ombreuse qui menait des portes du manoir à la rivière d’Oust.

Elle allait, affolée par la souffrance, épouvantée, découragée.

Et la porte du pauvre Benoît Haligan, le passeur, s’ouvrait pour la recevoir. Là, sur un lit de paille, à la lueur tremblante d’une résine, Marthe mettait au monde deux enfants jumeaux… deux belles petites filles dont le premier sourire passait, en ce moment, devant ses yeux et la faisait pleurer.

Pauvre Diane ! pauvre Cyprienne ! leur malheur avait précédé leur naissance !…

Chez Benoît, le passeur, Marthe n’était point seule. Jean de Penhoël était auprès du lit avec sa femme. Ils n’abandonnèrent point la jeune accouchée, les amis dévoués.

La femme de Jean de Penhoël emporta les deux enfants, et devint leur mère.

Oh ! que Blanche était bien plus malheureuse encore ! Point d’amis auprès de son chevet ! Il n’y avait autour d’elle que le mépris et l’insulte peut-être…

Marthe songeait ainsi.

René, pendant cela, semblait subir une transformation étrange. L’animation revenait à son visage inerte ; ses yeux roulaient, vifs et hagards.