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LES BELLES-DE-NUIT.

déchira le papier par bandes et l’enduisit de colle, pour boucher, l’une après l’autre, toutes les fentes de la cloison.

Cela dura longtemps, car les planches vermoulues se déjetaient de tous côtés.

Marthe pensait que René en agissait ainsi pour éviter le froid des nuits d’hiver.

Mais la première fois que son regard rencontra celui du maître de Penhoël, sa croyance changea. Sans savoir pourquoi encore, elle se sentit frissonner.

René travaillait tant qu’il pouvait. Des gouttes de sueur glissaient sur sa tempe jaunie ; il ne s’arrêtait que pour boire.

Et à mesure qu’il buvait, un enthousiasme sauvage secouait la morne apathie de ses traits.

Tout le cahier était employé, mais il n’y avait plus de trous à la cloison. Avant de sortir, René avait bien pris sa mesure.

Il passa le revers de sa main sur son front humide, et regarda joyeusement son ouvrage terminé.

— Celui qui vint, l’autre fois, se mettre entre nous deux…, grommela-t-il, n’est pas ici… Je suis le maître !

Il prit dans un coin un gril rongé de rouille, oublié là, sans doute, par les anciens locataires