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CHAPITRE XX.

Comme elles s’aimaient toutes trois, et comme elles l’aimaient !

Et derrière leurs visages angéliques, à travers le voile diaphane qui couvre les visions, Marthe entrevoyait une autre figure : les traits mâles d’un homme qui semblait avoir honte et se cacher.

Oh ! Dieu pardonne à tous, et ce n’est pas au ciel qu’il faut garder souvenir du mal enduré sur la terre.

Au ciel, tout amour est chaste, toute passion s’épure sous l’œil de Dieu. Le sourire de Marthe appelait Louis de Penhoël…

Le voile s’épaississait ; la nuit se faisait ; Marthe se sentait mourir.

Tandis qu’elle essayait d’assembler les mots de sa suprême prière, sa léthargie reçut un choc soudain ; un souffle d’air frais tomba sur sa bouche vivifiée ; elle rouvrit les yeux… ou plutôt elle crut les rouvrir, et c’était sans doute une nouvelle phase de son dernier rêve, car ce qu’elle voyait maintenant était encore l’impossible.

Ses deux filles mortes étaient auprès d’elle, Diane et Cyprienne, non plus en longues robes blanches, mais avec ce costume des vierges de Bretagne qu’elles portaient lorsqu’elles lui étaient apparues dans la loge de Benoît Haligan…