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LES BELLES-DE-NUIT.

Marthe demeurait affaissée sur elle-même. Elle se redressa au choc d’une pensée soudaine.

— Ma fille !… monsieur, dit-elle, qu’avez-vous fait de ma fille ?…

M. Jean de Penhoël n’a-t-il pas reçu ma lettre ? demanda l’Américain.

— Je ne sais pas, répliqua Marthe qui joignit les mains ; je vous en prie, dites-moi ce qu’est devenue ma fille ?

— Je n’ai pas osé signer la lettre, reprit Robert au lieu de répondre, de peur que M. Jean n’eût pas confiance… C’est un grand malheur, madame, que d’avoir donné aux gens qu’on respecte et qu’on aime le droit de douter…

— Oh ! monsieur !… monsieur ! interrompit Marthe, vous ne voulez pas me parler de ma fille !

— J’en parlais dans la lettre, madame… Écoutez ! Ce n’est pas ici le lieu de nous expliquer… Les anciens maîtres de Penhoël ne peuvent rester un instant de plus dans cette misérable retraite… Je suis venu vous chercher.

— Nous chercher ?… répéta Marthe qui détourna les yeux ; vous, monsieur ?

Robert prit un air de contrition résignée. Cela ne l’empêcha point de jeter un furtif regard vers la cloison ; il sentait que l’entrevue s’engageait mal. La discussion n’était pas de saison : il fallait agir, car son instinct lui disait que l’ab-