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Pétraki, qui était le cocher et le factotum de la maison, dressait un lit provisoire pour sa femme Phatmi.

Il était Serbe de naissance et il est rare que les fils de cette pauvre race arrivent à la dignité de cocher en titre ou de premier valet de chambre, mais Pétraki sortait de la moyenne par la multiplicité de ses talents. Il avait servi de secrétaire aux vieux prince Michel qui lui confiait ses bric-à-brac à raccommoder. Il savait tout faire.

Les deux servantes valaques, Savta et Mitza, mises dehors par l’invasion de M. de Sampierre, avaient profité de la circonstance pour faire une promenade dans Paris. Comme elles étaient jolies filles et drôlement costumées, Paris galant leur avait offert à dîner. Elles revenaient la joue écarlate, l’estomac chargé, mais la conscience nette. Dans leur pays, ce n’est pas un péché que de prendre du bon temps.

Leur étonnement fut sans bornes quand elles virent que l’appartement de la marquise restait fermé pour elles. En ville, elles avaient entendu parler tout le jour du « drame de l’hôtel de Praslin. » Quand Paris, glouton de crimes, tient un pareil morceau sous sa dent, il s’en empiffre jusqu’aux yeux et sans jamais s’incommoder. Vous souvenez-vous de Troppmann et des prodigieux tours de radotage que la grande ville exécuta à cette occasion ? Mitza et Savta ne rêvaient que nobles salons souillés de sang, ravages de velours, de satin, de dentelles, et duchesses réduites en hachis. Paris les avait bourrées de tout cela.

Était-ce une autre cause célèbre qui se préparait à