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Le Bonhomme Michel était le grand-père de Domenica et lui laissait la presque totalité de son énorme fortune. Sa propre fille, Michela Paléologue, princesse d’Aleix, assistait la jeune mariée en qualité de mère.

La princesse Michela n’avait jamais vu sa nièce avant ce jour. Quand elle voulut donner le baiser à son père en arrivant, le bonhomme la tint à distance de toute la longueur de son bras et dit à voix basse :

— Je ne vous ai pas pardonné, madame.

— Mon père, dit la princesse Michela, je suis veuve et Carlotta, mon unique enfant est bien malade : ayez pitié de moi.

Cette fois, elle n’obtint même pas de réponse.

La brouille entre le père et la fille venait de ceci : Quinze ans auparavant, Michela s’était mariée à un prince qui ne plaisait pas au bonhomme.

Ce vieux Valaque n’était ni méchant ni bon, mais il ne voulait rien changer à son testament, qui était fait.

Domenica, au contraire, accueillit sa tante inconnue à bras ouverts ; on eût dit qu’elle voulait la consoler à force de caresses.

C’était une rose d’Orient que cette chère Domenica, jolie et belle à la fois. Elle avait l’adolescence épanouie des vierges du soleil levant. Les richesses de sa taille dénonçaient déjà la femme, tandis que son sourire, tout plein encore de joies enfantines, éclairait la maison triste comme un rayon du matin.

Domenica avait pour témoins de son mariage un Comnène et le fils aîné de la duchesse Junot d’Abrantès