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Cela longeait un parc, le dernier parc existant dans Paris, car l’enclos des Ternes était déjà coupé par le chemin de ceinture, et la municipalité dorait les grilles de Monceau, devenu jardin public. Dans le parc il y avait un château qu’une princesse de la famille d’Orléans avait habité pendant le dernier règne et que le faubourg Saint-Germain connaissait maintenant sous le nom d’hôtel de Sampierre.

C’était une vaste maison, bâtie sous Louis XVI et qui n’avait rien de monumental. Sa grande tournure lui venait surtout des admirables bosquets dont elle était flanquée. Au bout des parterres et non loin du mur de clôture s’élevait un pavillon, datant des premières années de Louis-Philippe.

Le passage Donon suivait le mur oriental du parc selon l’épaisseur presque totale de cet énorme pâté qui sépare les rues de Babylone et de Varenne. Il était tantôt étroit comme un boyau, tantôt large comme ces renflements des chemins villageois où s’établissent les vaines pâtures. La boue s’y produisait tout naturellement en abondance et, par place, il y venait des landes d’orties et de chardons.

À quatre ou cinq cents pas de la rue de Babylone, une seconde ruelle, plus capricieuse encore et perdue dans des détours inextricables, coupait la « grande rue Donon » à angle droit pour rejoindre la rue Barbet-de-Jouy.

On appelait ce second boyau : le Boulevard, soit par moquerie, soit à cause d’un orme de très-belle venue qui vivait là et s’y portait bien en dépit de tout sens commun.