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une charrette à bras qui le menait jusqu’à l’omnibus où son entrée suscitait de sauvages protestations. À la Bourse, il avait la spécialité de faire pour les « dames. » Il en avait couché des centaines sur la paille : cela attirait les autres.

Avant d’entrer en matière, nous noterons un dernier détail descriptif très-nécessaire à l’intelligence de ce qui va suivre.

À moitié chemin entre la rue de Babylone et ce boyau ironique titré de boulevard, le mur du parc de Sampierre présentait une large solution de continuité, défendue par un saut de loup profond qui dessinait une ligne courte rentrante. Le raccord entre les murs et le saut de loup se faisait au moyen d’une murette, bâtie en biseau et dont le sommet se hérissait de fer forgé, disposant ses paraphes de façon à valoir chevaux de frise.

Évidemment, à une époque antérieure, on avait ménagé cette échappée pour avoir vue sur la campagne.

Plus tard, pour éviter l’aspect misérable et trop voisin du trou Donon, les propriétaires du parc avaient acheté toute la partie qui faisait face au saut de loup. Ces terrains restaient à l’état de friche, fermés par un bouquet d’arbres qui, pour le parc, faisaient rideau de fond.

De sorte que la cité était coupée en deux par cette manière de petite plaine où la tolérance des riches voisins laissait semer quelques laitues et planter quelques choux. On y voyait ordinairement une chèvre maigre qui faisait semblant de brouter.