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Paris, dans trois mois, si tout va bien. Comme cela, notre Maria aura toujours un petit morceau de la fortune de ses pères.

— Et les deux messieurs de Tréglave ? demanda Strozzi.

— Une paire de beaux gars, ceux-là ! répondit Preux qui se frotta les mains. Et amoureux ! Ça fait plaisir à voir ! Dès ce matin, le vicomte Jean était déjà à rôder autour du palais Sampiétri, et son jeune frère M. Laurent est installé ici en face, derrière ses rideaux pour regarder la fenêtre de notre Maria. Le plus drôle, c’est qu’ils s’accusent mutuellement de folie. C’est Castor et Pollux pour l’amitié, mais ça ne les empêche pas de se chamailler. Laurent de Tréglave demande à son frère où peut le mener un pareil amour pour une femme mariée et surveillée par un tas de millions qui vous ont des yeux !… Le vicomte Jean riposte en disant : Je ne veux pas que tu épouses une aventurière, une somnambule…

— Tu n’as pas parlé au vicomte Jean ? interrompit Strozzi.

— Si fait ! Il faut bien que je prenne mes gages quelque part : Il m’a donné le portrait de Victor-Emmanuel sur une pièce de vingt francs.

— Pourquoi faire ?

— Pour porter un poulet à la jolie marquise, parbleu !

— L’as-tu remis ?

— Oui, au Pernola, comme les autres. Et voilà pourquoi la chose est pour ce soir, puisque j’ai porté la