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— Savta ! ma bonne, appela tranquillement Charlotte en voyant déboucher d’un massif la dame de compagnie escortée de deux valets, porteurs de lanternes : Je ne suis pas perdue.

— Est-ce bien vous ? méchante enfant ! s’écria la brave femme à bout de souffle. Avez-vous eu le cœur de me causer une inquiétude pareille ! Figurez-vous, monsieur le comte, que princesse et moi nous étions bien tranquillement sur le banc auprès du Centaure. Il faisait une chaleur ! Me suis-je assoupie une petite minute ? C’est vraisemblable…

— C’est même certain, chère madame, interrompit Pernola.

Il regarda Mlle d’Aleix en ajoutant :

— Et je puis vous dire, ma bonne Savta, ce qui s’est passé pendant votre sommeil. Vous allez voir à quel point nous sommes innocents tous les trois.

Charlotte retira son bras et leva sur lui des yeux étonnés. Pernola mit de l’onction dans son sourire et continua :

— Je faisais les cents pas dans l’allée du Centaure ; j’ai vu qu’à votre insu vous aviez faussé compagnie à ma belle cousine, et je lui ai offert mon bras pour un tour de promenade. Notre tort c’est de n’avoir plus pensé à vous au bout de cinq minutes, et, pour ma part, je vous en fais mes sincères excuses.

Il avait, en vérité, la figure d’un généreux chevalier, venant au secours d’une dame dans l’embarras.