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— Ma mère ! répéta-t-elle, ma bien-aimée mère ! que ne donnerais-je pas pour être sûre de mon droit à l’appeler ainsi !

Ce premier médaillon était enfermé dans un papier très-fin que Mlle d’Aleix passa sur son genou pour en défaire les plis.

Et pendant cela elle pensait :

— Je ne ressemble pas à ma mère !

C’était vrai dans toute la force du terme, sauf en un point : ces deux figures si différentes avaient toutes les deux quelque chose du type oriental.

Mais la physionomie piquante de la jeune fille, qui semblait regretter son sourire d’hier et les gaietés hardies de sa vraie nature, dans une mélancolie toute récente, ne gardait rien de l’imposant caractère répandu sur les traits de la morte.

Ces mots, prononcés involontairement : « Je ne ressemble pas à ma mère, » étaient plutôt une plainte que l’expression d’un fait. Ils se rapportaient non pas seulement à la miniature, mais encore au papier que Charlotte avait dans sa main.

C’était un billet sans signature, ainsi conçu :


« Princesse ramassée par charité, fille d’une bâtarde et d’un charlatan, priez donc cette grosse Domenica de vous montrer votre acte de naissance ! En épousant le comte Roland, vous seriez entrée pour tout de bon dans la famille, mais maintenant que le pauvre petit diable est mort, comment allons-nous nous y prendre ?

« À votre place, j’essayerais du Pernola. Il ne sait