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faites dans le parc pour retrouver Mlle d’Aleix, servait de point de départ aux hypothèses.

Il y avait là une bonne odeur de guinguette. Personne ne se gênait à l’hôtel Sampierre : on y déjeûnait depuis l’heure du lever jusqu’au dîner, après quoi on soupait.

Au beau milieu de cette kermesse perpétuelle offerte aux marauds et aux donzelles composant la maison de Mme la marquise, le concierge en personne, un magnifique concierge, portant le costume roumain, introduisit un jeune homme d’apparence maladive et timide, proprement mais pauvrement habillé.

C’était Joseph Chaix, à qui l’argent d’Édouard avait donné les moyens d’amender un peu sa toilette.

— En voilà un qui demande princesse Charlotte, dit le concierge en montrant au doigt Joseph sans cérémonie.

— Bon ! s’écria Mlle Coralie, première femme de chambre qui prenait un air honnête comme on met une paire de gants, pour faire son service, mais qui ressemblait, dans son naturel, à une dame aux camélias du vingt-septième ordre, — étourdie que je suis ! j’avais oublié de vous prévenir, M. Szegelyi : princesse a donné l’ordre d’introduire monsieur… monsieur…

— Chaix, répondit Joseph déjà déconcerté.

— C’est ça, Chaix ! Venez avec moi, jeune homme.

On offrit quelque chose au beau concierge, qui accepta et dit :

— C’est tout de même drôle !

— Parbleu ! répondit le chœur des croquants, mâles et femelles, on en voit de toutes les couleurs dans cette grande baraque-là !