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— Y avait-il quelqu’un à l’attendre chez lui ?

— Son père, le capitaine Blunt.

— Qu’a-t-il dit en voyant l’état de son fils ?

— Voilà exactement ce qui s’est passé : En arrivant devant le no 7 de la Chaussée des Minimes, M. Édouard m’a ordonné de descendre et d’ouvrir la porte de l’allée avec une clef que j’ai prise dans sa poche. Il m’a dit : « va jusque dans la cour. À gauche de l’allée tu tâteras le mur où pend un fil de fer, terminé par un anneau, tu pèseras sur l’anneau. Si personne ne te répond, c’est que mon père est absent, alors, tu reviendras me tenir compagnie. Si au contraire mon père vient à la fenêtre, tu lui crieras que je suis blessé… légèrement, pour ne pas le mettre aux cents coups… et tu t’en iras comme si le diable t’emportait. »

Le père était là. Je suis revenu l’annoncer à M. Édouard, qui m’a donné une poignée de main en disant : « Bon voyage, mon ami Joseph. Si elle te demande comment je me porte, ne vas pas l’effrayer… Mais peut-être qu’elle ne te demandera rien. Reviens savoir de mes nouvelles, si tu veux ; en tous cas, moi, je te retrouverai. En route ! »

J’ai obéi. Vis-à-vis de lui comme vis-à-vis de vous, princesse, je n’aurai jamais d’autre rôle que l’obéissance ; mais si vous commandiez tous deux en sens contraire, je vous préviens à l’avance : c’est à lui que j’obéirais.

Mlle d’Aleix lui tendit la main. Il n’eut pas le temps de la prendre. Pendant que son respect le faisait hési-