Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ver coupable. Je suppose que notre entretien va rouler sur d’autres sujets plus intimes.

— En effet, repartit le comte avec un souriant salut.

Il ajouta pourtant :

— Chère cousine, tout ce qui vous touche m’intéresse. Pardonnez-moi si j’ai abordé en passant une question qui paraît ne vous être point agréable ; c’était dans une bonne intention.

Il toussa légèrement, et sa toux elle-même attaquait une jolie note de ténor qui était flatteuse pour l’oreille.

— Je voulais causer avec vous, reprit-il en changeant de ton, car il cessait d’improviser pour entamer la partie préparée de « la scène » ; j’ai fait de mon mieux jusqu’à présent pour vous témoigner mon tendre dévouement qui allait augmentant sans cesse à mesure que je vous voyais grandir et embellir près de moi, mais vous étiez trop jeune pour qu’il fût opportun et même convenable d’aborder avec vous certains sujets. D’abord, vous ne m’auriez pas compris, charmante cousine, ensuite vous auriez été impuissante à m’aider dans l’œuvre d’abnégation où j’use le restant de ma jeunesse, où je risque peut-être ma vie…

Il s’arrêta. Il avait compté ici sur une exclamation, ou tout au moins sur un mouvement. Ni l’un ni l’autre ne vint. Charlotte écoutait attentivement, mais tranquillement.

— Oui, ma cousine, reprit-il malgré l’absence de l’interruption espérée, vous avez bien entendu, j’ai dit : ma vie. Je risque ma vie. Ceux qui ne connaissent pas