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de connus, il y en a d’inconnus. Votre aïeul Michel Paléologue était un sage administrateur : après sa mort, tout est tombé entre les mains de mon bien-aimé cousin Giammaria qui a perdu la raison presque tout de suite et qui est resté des années, fou qu’il était déjà, souverain maître de cette fortune. Après lui notre chère Domenica a pris la gérance. Savez-vous ce que c’est qu’un patrimoine de cinq millions de revenus (et il y avait plus que cela à l’époque du mariage !) tombant, déjà disloqué et désorganisé, entre les mains d’une femme qui ne sait pas combien font deux et deux ? Un patrimoine, divisé, multiple, dont les lambeaux sont séparés par des centaines de lieues ? Nous avons un intendant à Pesth, un intendant à Bucharest, un intendant à Giurgevo, deux intendants en Sardaigne et trois en Sicile. À un certain jour, comme s’ils se fussent donné le mot, ils ont envoyé leurs comptes, accusant des avances formidables. Des comptes en règle ! Comment vérifier la gestion du marquis ? Je vous le demande ! Comment vérifier, même, la gestion de Domenica ? Essayez, vous verrez ! C’était un gouffre, non pas tant par les dépenses qu’ils avaient faites que par le pillage extravagant dont leur faiblesse n’avait pu arrêter les excès…

— Et c’est pour combler le gouffre que vous avez opéré les ventes ? dit Mlle d’Aleix, qui avait repris sa froideur.

— D’abord, oui, répondit Pernola, et ensuite pour subvenir à des dépenses encore plus insensées. Vous ne me croiriez pas si je vous disais quelle somme a été absorbée par les comédiens de cette farce : la recherche