Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

interrompit le comte. Croyez d’ailleurs ce que vous voudrez, chère Carlotta, je vous ai dit la vérité vraie. Maintenant, si vous voulez réfléchir un peu, votre intelligence si vive et si sûre ne s’étonnera plus du nombre des imposteurs qui commencent à rôder autour de notre prétendue opulence. Mme la marquise a fait tout ce qu’il fallait pour cela. Outre les expéditions pour rire qu’elle a organisées malgré moi, une publicité sans exemple a crié jusque dans les coins les plus reculés de l’univers l’annonce de la grande aubaine. Tous les journaux d’Europe et d’Amérique ont porté, pendant plusieurs mois, à leur quatrième page un avis qui pouvait se traduire ainsi : « Telle rue, tel numéro, à Paris, on demande un héritier pour une fortune évaluée à 50 millions de francs ! »

— Je ne puis admettre… voulut dire Carlotta.

— Laissez-moi achever, cousine, j’ai presque fini. Aimez-vous mieux une traduction plus exacte encore : « À L’HÔTEL DE SAMPIERRE ON DEMANDE UN IMPOSTEUR ! » Voilà le mot à mot de l’annonce ! N’était-il pas certain qu’un pareil appât ne pouvait tomber au fond de l’eau sans tenter le poisson ! Je ne m’étonne que d’une chose, c’est qu’un millier de va-nu-pieds n’assiège pas à toute heure la porte de la rue de Babylone !

Sur cette chute le Pernola se mit à ricaner de nouveau. Charlotte dit :

— En effet, jusqu’ici, les faux comtes Domenico de Sampierre n’encombrent pas notre chemin.

— Ma cousine, murmura l’Italien qui, cette fois, la regarda en face et changea de ton brusquement, vous