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Mlle d’Aleix n’interrogea plus. Elle resta pensive.

Au bout de quelques secondes, elle ouvrit l’enveloppe de sa propre lettre que Joseph lui rapportait, et la relut. La lettre était ainsi conçue :


« Guérissez-vous bien vite, j’aurai besoin de vous. »


Charlotte fit le geste de déchirer le papier, mais elle se ravisa et s’assit devant le secrétaire.

Sa plume, trempée dans l’encre vivement, resta un instant suspendue, puis elle écrivit avec rapidité sur la même feuille et au-dessous de sa signature :


« P.-S. — Je voudrais savoir l’heure où je puis me présenter chez vous sans y rencontrer personne. »


Elle réfléchit encore après avoir écrit cela.

— Il le faut ! murmura-t-elle.

La lettre fut repliée et rendue à Joseph avec cet ordre :

— De manière ou d’autre, M. Édouard doit l’avoir aujourd’hui.

Comme Joseph se retirait, Charlotte ajouta :

— Priez ma bonne Savta de monter sur-le-champ.

Savta entra presque aussitôt après en toilette de grand-messe. Charlotte se jeta à son cou.

— Ma bonne, dit-elle, j’ai quelque chose à te demander : jure-moi que tu me l’accorderas.

Savta refusa d’abord. Elle voulait savoir avant de s’engager.