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Derrière le lit, des clous plantés dans le bois soutenaient des vêtements d’hommes pendus pêle-mêle, deux carabines et aussi du linge. Sous ce trophée qui remplaçait manifestement l’armoire absente, plusieurs malles étaient rangées.

Tout cela représentait assez bien un camp dans une chambre.

Un jeune homme pâle et qui paraissait souffrir dormait sur le cadre, tout habillé et tête nue. On ne lui aurait pas donné vingt ans par le visage qui était beau comme celui d’une belle femme, sous la profusion de ses cheveux bouclés.

Deux hommes d’âge mûr, dont l’un portait sur le bronze de ses traits un certificat d’indomptable énergie, se tenaient debout au chevet du lit. On eût cherché en vain un air de famille entre l’un ou l’autre de ces deux hommes et le jeune malade.

— Aidez-moi, je vous prie, dit capitaine Blunt.

Il souleva en même temps la tête du lit. Son compagnon, qui avait nom M. Chanut, en prit le pied, et ils passèrent tous les deux avec leur fardeau dans une autre grande pièce nue où le jeune homme fut déposé toujours dormant.

— Que dit le docteur, ce matin ? demanda M. Chanut.

— Il dit, répliqua brusquement capitaine Blunt, que l’air de Paris ne vaut rien pour les sauvages, surtout quand on leur a planté la pointe d’un couteau entre les côtes. Je fais bonne garde, pourtant, mais j’ai mes affaires… ou plutôt les affaires de ce petit coquin-là qui