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un célèbre médecin de Sicile. Voici pourquoi : Le jeune comte Roland, fils du marquis et de la marquise de Sampierre, âgé de vingt ans et fiancé dès l’enfance à cette belle Charlotte d’Aleix, était l’unique héritier de l’immense fortune de la famille, puisque Domenico, son frère cadet, avait disparu… Je puis vous raconter cette histoire-là, si vous voulez.

— Ne nous égarons pas. Il s’agit du frère aîné.

— À vos ordres ! Le comte Roland, brillant garçon du reste, n’était pas de forte santé. Le docteur sicilien le traita et il mourut.

— Oh ! fit Blunt, dont le regard interrogea son compagnon.

Celui-ci ne broncha pas et ajouta :

— Le comte Pernola fut très-utile pour les détails de la cérémonie funèbre. Mme la marquise, tout entière à sa douleur, n’eut à s’occuper de rien.

— Voyons ! dit capitaine Blunt, chez qui apparaissaient des signes d’impatience, vous voulez me faire entendre qu’il y eut des soupçons ?

— Pas l’ombre ! parole d’honneur !… seulement, tous les Italiens mazarinent plus ou moins. C’est dans leur sang. Ce doux Pernola eut l’idée de mazariner. La marquise avait à peu près l’âge et la corpulence d’Anne d’Autriche, régente. Le galantuomo lui laissa comprendre qu’il la trouvait encore très aimable et sollicita l’emploi de premier ministre consolateur. Cela ne prit pas. La pauvre femme, malgré son embonpoint florissant et le goût enfantin qu’elle montre pour les plaisirs bruyants, est une manière de martyre. En