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Après le dessert, et quand Germand se fut retiré définitivement Mme Marion prit la parole.

— Messieurs, dit-elle, le proverbe ment : il y a de sots métiers. Votre début dans celui-ci n’a pas été brillant. Vous aviez cependant des atouts plein votre jeu. Le vicomte avait gardé une clé de la porte qui donne sur le bois, il savait comment on ouvre le billard, et il entretenait de bonnes relations avec Jules, le chien de mon concierge. Vous avez choisi là une profession épineuse, et qui exige beaucoup de talent.

Mylord fit un signe d’assentiment plein de gravité.

Mœris et Moffray dirent d’une même voix :

— Choisi n’est pas le mot !

Et le vicomte ajouta :

— Avez-vous un autre métier à nous offrir, madame ?

— Peut-être. Savez-vous ce qu’il y a dans mon secrétaire ? Une rame de papier Susse, deux boîtes de photographies, trois bâtons de cire à cacheter et des enveloppes.

— Ça arrive, dit Mylord qui était très-sérieux. On se casse les dents sur une noix creuse.

— Alors, demanda la châtelaine, vous n’en êtes pas à vos débuts, vous, mon jeune cavalier ?

— Non, madame, j’ai déjà exercé.

— Et cherchiez-vous aussi dans mes tiroirs une mise pour le baccarat de l’hôtel de Sampierre ?

— Non, madame, je ne joue jamais, parce que je ne sais pas bien filer la carte.