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aimez celui qui a droit à votre amour, et le bonheur entrera dans votre maison. »


— Ce sont des mots ! fit Pernola qui haussa les épaules. Comment Domenica ne vous aimerait-elle pas ? Y a-t-il au monde un homme plus digne que vous d’être aimé ?

M. de Sampierre replia la lettre et la serra dans son portefeuille.

— Ma supériorité me fait peur quelquefois ! murmura-t-il noblement.

Il ajouta d’un air soucieux :

— Et encore, Mme la princesse d’Aleix paraît ignorer l’existence de ce Jean de Tréglave !

— Que vous importe celui-là ! s’écria le petit comte avec une colère très-bien jouée, j’ai interrogé les anciens valets de Paléologue, car mon dévouement pour vous me conduit à des actes indignes de mon caractère ; j’ai interrogé Phatmi, la Tzigane, qui était autrefois la bonne de Domenica et qui est maintenant sa première femme de chambre ; j’ai interrogé le serbe Pétraki, mari de Phatmi, et qu’ai-je appris ? Rien ! Le prince Michel habitait à Vienne le palais Esterhasy. Les fenêtres du consulat de France donnaient sur les jardins du palais. Les deux fils du consul, qui était M. de Tréglave, regardaient jouer l’enfant, et l’enfant leur souriait quelquefois. Elle avait dix ans ! Et depuis lors, rien.

M. de Sampierre tenait maintenant les yeux baissés, et ses sourcils étaient contractés violemment.