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On gratta à la porte. Un grand garçon portant le costume serbe entra. Il tenait à la main un plat de vermeil.

— Qu’est-ce, Pétraki ? demanda le comte.

— Une lettre pressée pour le maître.

M. de Sampierre la prit et l’ouvrit. Aussitôt que son regard eut touché la première ligne, il pâlit.

— Va, dit-il à Pétraki. Fais atteler. Mon cousin Pernola va sortir.

Puis, se tournant vers le comte, il ajouta d’une voix tremblante :

— Avez-vous remarqué la robe que portait hier madame la marquise de Sampierre ?

— Taffetas gris, dentelles noires, répondit Pernola d’un air innocent : une merveille d’élégance ! Ma cousine l’avait reçue le matin même de Paris.

— Saviez-vous que madame la marquise eût assisté hier aux vêpres de la cathédrale ?

— Non, mais qu’importe cela ? Et pourquoi vais-je sortir, s’il vous plaît ?

— Connaissez-vous… ou croyez-vous que vous pourriez trouver sur-le-champ un homme sûr ?

— Quel genre d’homme sûr ?

— Le vicomte Jean de Tréglave est ici, dit M. de Sampierre à voix basse, au lieu de répondre.

— J’ai l’homme, dit Pernola froidement.

Le marquis lui tendit la main et reprit :

— Le salut de la cathédrale est à huit heures. Avez-vous le temps de prendre vos mesures ?