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et couché bien tranquillement sur son cadre. Capitaine alla droit au lit, et comme Édouard avait les yeux grands ouverts, il lui tendit la main en disant :

— Nous avons eu beau temps pour notre promenade, aujourd’hui ?

Édouard retint la main qu’on lui donnait dans les siennes et demanda :

— Est-ce que vous ne m’embrassez pas, ami ?

— Si fait, répondit capitaine Blunt, pourquoi non ?

Et il se pencha pour mettre un baiser sur le front du jeune homme. Celui-ci dit encore :

— Ami, j’ai mérité d’être grondé, pourquoi ne me grondez-vous pas ?

— Te voilà qui prends l’âge d’un homme… commença Blunt, qui était triste, mais qui parlait avec une extrême douceur.

— Pourquoi, du moins, ne me demandez-vous pas où j’ai été ?

— Peut-être parce que je le sais, répondit cette fois Blunt dont les lèvres ébauchèrent un sourire.

Édouard lâcha sa main.

— Père, murmura-t-il, jamais je ne vous ai fait de questions…

— Vas-tu m’en faire ? interrompit Blunt.

Son regard était bon et semblait encourager.

— Non, répondit Édouard. Seulement, vous venez de le dire vous-même : Je prends l’âge d’un homme.

— C’est juste, et tu n’attendras pas longtemps désormais les comptes que j’ai à te rendre.

Édouard secoua la tête et dit :