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Il y avait deux lettres qui attendaient, achevées, mais non pliées.

Mme la baronne de Vaudré avait sans doute donné quelque rendez-vous, car son regard interrogeait souvent la pendule. Ce regard était calme et doux comme Laure elle-même dans son négligé charmant : il n’exprimait ni inquiétude ni impatience.

À neuf heures trente-cinq minutes on sonna ; Laure eut un sourire.

Presque aussitôt après, sa femme de chambre, qui était une Anglaise d’âge mûr et d’apparence absolument respectable vint annoncer Mme la marquise de Sampierre.

Laure ne témoigna aucune surprise, et dit comme par manière d’acquit :

— La messe a donc fini de bien bonne heure, aujourd’hui.

Elle ajouta :

— Hély, ma chère, dites à madame la marquise que je suis à elle, et revenez, j’ai besoin de vous.

Quand Hély fut partie, Laure fit la revue de ses lettres et mit les deux dernières dans leurs enveloppes. Elle allait très-vite en besogne et n’avait point l’air de se presser.

Ainsi est faite la vivacité sereine des fées.

Sur l’une des enveloppes, elle écrivit : « à M. le vicomte de Mœris, hôtel du Louvre », sur l’autre : « à M. Achille Moffray, agent d’affaires, rue de Provence. »

On sonna de nouveau. Le sourire de Laure devint songeur.