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d’une pièce. Elle semblait beaucoup plus grande. Sa beauté se faisait terrible.

La marquise, épouvantée, laissa tomber le miroir.

— Ne me faites pas de mal, chérie ! balbutia-t-elle en chancelant.

Laure lui arracha la bague avec tant de brutalité que l’embonpoint du bon gros doigt de la marquise garda une meurtrissure violette.

Elle cria miséricorde et l’idée lui vint de se sauver, mais Laure lui avait déjà tourné le dos et marchait d’un pas roide vers la grande glace qui pendait au-dessus du canapé.

Un clou doré, à crochet, était piqué dans la bordure inférieure du cadre. Laure y accrocha l’anneau, et sans doute que le clou était là pour cet usage.

Le miroir à manche, désormais inutile, restait aux pieds de Domenica, qui trempait son mouchoir rien qu’à le passer sur son front inondé.

La peur qu’elle avait eue faisait encore claquer ses dents.

Laure se posa devant la grande glace. L’épreuve recommençait.

La marquise, placée maintenant derrière Laure ne pouvait plus apercevoir que son image réfléchie, mais elle la dévorait des yeux et la curiosité revenait parmi sa terreur. Au bout d’un instant elle vit les traits de Laure se contracter légèrement, et celle-ci dit d’une voix très-altérée :