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En ce moment, la marquise se retourna.

— De l’air ! par grâce ! prononça faiblement Laure.

La marquise s’accrocha à l’espagnolette.

Laure, qui avait ouvert la lettre toute prête sous son fichu, la mit au jour et y jeta un coup d’œil, — un seul.

Après quoi, elle la lança aussi loin que possible, vers la place où la marquise s’asseyait tout à l’heure. Le papier, adroitement dirigé, alla tomber près du mouchoir, et Laure avait déjà repris son apparence pétrifiée quand Domenica revint à elle.

— Sentez-vous l’air frais, chérie ?

— Sortez ! dit Laure.

Le premier mouvement de la pauvre marquise fut d’obéir, mais la réflexion l’arrêta.

— Mignonne, dit-elle avec supplication, je ne peux pas vous laisser ainsi. Dites-moi que vous allez un petit peu mieux ! Ah ! quelle aventure !… et pourtant, se reprit-elle docilement en ramassant la lettre avec son mouchoir, si ma présence vous cause de la peine…

— Éveillez-moi ! interrompit Laure.

— Oui, chérie, tout de suite.

Mais avant même qu’elle eût dessiné la première passe transversale, Laure se dressa comme un ressort.

— Je vois ! dit-elle. Qui a écrit cela ?… Est-ce lui ! Est-ce lui-même !…

Elle s’arrêta. La marquise dit, les larmes aux yeux :

— Ah ! chérie ! c’est justement ce que je voulais vous demander ! Qui a écrit cela ? Répondez ! répondez !

— Et qui a écrit le reste ? poursuivait Laure sans