Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/424

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’un est vrai, l’autre est faux… et comment la pauvre mère va-t-elle choisir ?

— Oh ! pardon ! pardon ! fit la marquise dont les mains frémissantes se tendaient vers elle, chère âme que j’ai méconnue ! Êtes-vous assez bonne ! accordez-moi mon pardon !

— Venez ici ! dit Laure.

Domenica s’approcha et, malgré elle, ses genoux fléchirent dans l’excès de sa religieuse émotion.

— Vous le voyez, chérie disait-elle à travers ses sanglots, vous voyez mon enfant bien-aimé ?…

— Donnez-moi votre main ! commanda Laure dont la voix faiblissait à mesure que son accent devenait plus impérieux : je ne sais pas si le souffle va me manquer trop tôt. Je joue mon existence.

— Arrêtez-vous ! s’écria la marquise, je vous en prie ! Si vous alliez mourir !

— Donnez votre main, vous dis-je !

La marquise obéit et baisa la main qui prenait la sienne. Laure continua :

— Priez ! priez ardemment ! je vois !

On ne l’entendait presque plus. Un râle était dans sa gorge et sa prunelle se noyait.

— Je vois… le voilà ! Sa tête est penchée sur son épaule, parce que… Ah ! il y a longtemps ! Je vois cette chambre de la vieille demeure aux lambris somptueux… votre lit de douleur… un homme ! quelque chose brille dans sa main… Et vous êtes là, vous, la jeune mère, et l’homme frappe…

Elle poussa un grand cri :