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— Ce n’est peut-être rien, dit-il, je vous supplie de ne pas juger sur les apparences.

M. de Sampierre le repoussa. Il semblait avoir recouvré quelque calme, mais sa pâleur était livide.

— Ce n’est rien, en effet, prononça-t-il très-bas. Il est juste qu’elle se divertisse. Je veux qu’elle danse, Battista, c’est de son âge.

Battista écoutait bouche béante, comme un homme qui croit rêver.

M. de Sampierre traversa la chambre pour gagner sa chapelle où il s’agenouilla. Il resta ainsi longtemps, priant et se frappant la poitrine.

Quand il se releva, il gagna son bureau d’un pas grave.

— C’est à Paris qu’on danse, reprit-il. Battista, nous irons à Paris.

Et comme le jeune comte cherchait en vain réponse à ces étranges paroles, M. de Sampierre poursuivit en fixant sur lui ses yeux qui rayonnaient un morne éclat :

— Elle dansera. Dieu m’a parlé. La robe a été volée. Elle dansera tant qu’elle voudra. Raisonnons. C’est hier seulement qu’ils ont pu se voir. Aujourd’hui, quand même ce serait elle, cette femme de la cathédrale, vous savez bien que le temps leur aurait manqué pour mal faire.

Il trempa sa plume dans l’encre et ouvrit un agenda.

— Je ne vous comprends pas, Giammaria, murmura le jeune comte.

— En conséquence, continua M. de Sampierre, j’ins-