Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces vieux murs féodaux du Paris des Valois. Tous les songes prodigieux, toutes les fumées étincelantes de l’ivresse asiatique allaient et ondulaient dans les salons de l’hôtel Paléologue, ivre d’éblouissements, d’harmonies et de parfums.

Et la reine de la fête, la princesse-marquise faisant les honneurs de sa maison avec une grâce paresseuse, réalisait exactement l’idée de la beauté orientale. Elle était, nous l’avons dit, malgré sa toute jeunesse, un peu trop riche de formes, et quoiqu’elle fût sur le point d’être mère pour la seconde fois, ses traits charmants n’avaient rien perdu de leur naïveté enfantine.

Ainsi restent-ils dans leur cage mahométane, ces beaux biseaux humains qui viennent de Circassie, vivant et mourant de mollesse sans apprendre jamais ni la souffrance, ni la joie, ni l’amour.

Les rapports que l’on avait faits sur le mauvais état de santé qui motivait depuis deux ou trois semaines la retraite de la jolie marquise étaient fort exagérés, chacun put bien le voir. En apparence, elle se portait admirablement bien. C’est à peine si on la trouva un peu plus pâle. Son sourire semblait calme et même heureux. Elle dansait de tout son cœur.

Le malade, c’était bien plutôt M. le marquis de Sampierre, quoiqu’il dansât aussi, comme on accomplit un devoir pénible. Tout le monde put remarquer le changement qui s’était opéré en sa personne. Il avait maigri, ses yeux s’étaient creusés. L’expression de son visage trahissait une souffrance énergiquement combattue.

Ce n’est pas dans une maison en fête qu’on peut juger