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d’accouchements P… était là éparpillée, amalgamée, ouvrant dans tous les coins ses volumes entassés et poudreux.

Il y en avait sur les tables, sur les sièges, sur les commodes ; il y en avait par terre qui empêchaient les portes et les fenêtres de jouer, il y en avait dans la cheminée et le lit en était couvert.

Dès qu’on passait le seuil, l’âcre odeur du vieux papier, des vieilles encres et du vieux cuir vous saisissait à la gorge en même temps qu’un redoutable goût de poussière scientifique.

Le marquis Giammaria ne permettait jamais à un plumeau d’entrer chez lui :

Il était là, sur une chaise, dans un petit trou qu’il s’était ménagé libre au devant de sa table. Il avait repris quelque apparence de santé depuis la fête. Son visage, toujours beau, gardait ces tons polis qui sont l’honneur des salons de cire. Pas un pli à sa joue, pas une ride à son front. Seulement quelque chose de rigide était sous l’implacable couche de ce vernis. Ce n’est pas sans dessein que nous avons parlé salon de cire. Ses yeux larges ouverts faisaient froid. Son aspect éveillait une sensation bizarre. Il glaçait par le regard comme le marbre par le toucher.

Au milieu de ce tohu-bohu dévergondé où le moindre souffle de vent eût déterminé des tourbillons de poussière comme sur la grande route en été, M. le marquis était d’une propreté recherchée. Il portait l’habit noir et la cravate blanche, ses beaux cheveux étaient roulés avec tout l’art cérémonieux que les coiffeurs réservent pour