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l’école de Vérone. Les pâles regards de ces figures semblaient le suivre, morne et mystique comme elles.

Il ne rencontra personne en chemin. Il entra sans frapper chez sa femme, ce qu’il n’avait jamais fait qu’une seule fois en sa vie. Phatmi, la servante tzigane, vint le recevoir et frissonna de frayeur à sa vue.

Il y avait deux autres servantes valaques qui le regardaient curieusement. Le marquis avait sa trousse d’une main, sa montre de l’autre. Il resta d’abord muet comme s’il eût oublié les paroles qui devaient expliquer le motif de sa venue.

— Elle dort, dit Phatmi après un silence. Savta et Mitza veillent sur elle tour à tour.

M. de Sampierre se recueillit, répétant tout bas :

— Elle dort ! Combien y a-t-il de temps que je n’ai dormi !

Puis il prononça tout haut :

— Nous ne la réveillerons pas. Ma place est au chevet de ma femme. Renvoyez Mitza et Savta. Je désire être seul avec madame la marquise. Qu’elles emportent le berceau de notre petit Roland. Il ne faut pas de bruit auprès des malades.

Pendant que Phatmi obéissait, M. de Sampierre resta dans la chambre d’entrée. Ses yeux étaient cloués au parquet.

— Et moi ? demanda Phatmi, quand ses compagnes se furent éloignées avec l’enfant.