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blait le sommeil de Domenica. Phatmi avait grand’faim. Elle se disait :

— Si mon mari avait seulement l’idée de m’apporter ma part, mais il va manger pour nous deux, le gourmand de Serbe ! Et mon petit Yanuz doit pleurer après sa mère…

— Chez le marquis Giammaria les domestiques vivaient bien. Le cocher Pétraki et Phatmi, sa femme, avaient un bon logis dans les communs. Leur enfant restait là pendant le jour aux soins d’une gardienne.

Ils étaient gens de conduite tous les deux et faisaient un heureux ménage.

Vers sept heures, l’estomac de Phatmi devint éloquent tout à fait et lui montra son maître sous un aspect absolument rassurant.

— C’est cette histoire de la duchesse hachée par morceaux qui m’a mis des folies plein la tête ! se dit-elle. Dieu ! les hommes ! si Pétraki levait seulement la main sur moi !… mais il le sait bien ! M. le marquis ne ressemble guère à un tigre, non ! Il est doux comme une demoiselle. Et deux heures de retard pour mon dîner ! Je ne me souviens pas d’avoir eu jamais si grand’faim.

Elle releva les rideaux de la fenêtre, parce que le jour allait baissant.

En se retournant, elle regarda M. de Sampierre, qui était debout et tenait sa montre à la main.

Elle le trouva changé ; ce n’est pas assez dire, elle le trouva transfiguré.

Il y avait un rayonnement autour de son front. Cette