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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/115

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vous cacher ni pour fuir que je vous ai ramené à Paris, c’est pour agir.

Le marquis s’était redressé en proie à une agitation fiévreuse qui mettait des tons vivants sur le marbre de son visage. Il dit précipitamment :

— J’agirai ! je suis fort ! je l’ai prouvé ! j’ai frappé ; je puis frapper encore : il y a des moments où je hais cette femme qui a été le malheur de toute mon existence…

Il s’arrêta épouvanté parce que Pernola posait un doigt sur sa bouche.

— Quelqu’un a-t-il pu m’entendre ? balbutia le marquis dardant un coup d’œil cauteleux autour de lui.

— Tout ce qui nous environne, répliqua le comte mystérieusement, a des yeux et des oreilles. Je vous ai déjà prévenu.

M. de Sampierre laissa retomber sa tête sur sa poitrine et murmura :

— Je ne parlerai plus… ah ! Battista, je voudrais être fou !

— Du courage ! fit celui-ci : une heure de courage et je réponds de tout. Il ne s’agit plus de frapper : c’est pour avoir frappé que votre main est paralysée. Nos seules armes doivent être celles de l’intelligence. Établissons bien notre position : vous possédiez légalement deux monstrueuses fortunes qui faisaient de vous l’homme le plus riche de France, bien certainement, et peut-être de l’Europe. Au lieu de vous dire qu’avec cette arme enchantée, cette massue d’or, vous pouviez combattre des géants, vous avez eu frayeur de la loi