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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/141

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Mais les idées littéraires tournent au vent quelquefois comme si elles avaient l’honneur d’être des opinions politiques. Chemin faisant, j’ai oublié ce thème dont les années de notre deuil national semblaient amoindrir sinon la portée, du moins l’opportunité. Je dis semblaient, car, au fond, ces monstruosités dorées tiennent à la hache comme les prémisses, dans tout argument bien établi, renferment la conséquence : C’est avec du papier banqueroutier qu’on fabrique les cartouches à otages !

D’ailleurs, il n’y avait rien de financier dans l’opulence de ces pauvres riches dont je raconte l’histoire. L’or n’a pas besoin d’être voleur pour être fatal… Que les moralités, petites ou grandes, qui se cachent au fond de mon récit, se dégagent comme elles pourront : je raconte.

Un peu avant l’heure où la marquise Domenica montait en voiture pour se rendre à l’église des Missions étrangères, Charlotte d’Aleix était sortie de l’hôtel, à pied, en compagnie de Savta, son chaperon ordinaire. Elles n’avaient pas une longue carrière à fournir. Après avoir fait une centaine de pas dans la rue de Babylone, elles tournèrent une maison en construction pour entrer dans le boyau triste et poudreux qui conduisait à la cité Donon.

L’élévation de Savta au grade de dame de compagnie doit être rangée parmi les nombreux symptômes qui caractérisaient l’état d’infériorité et d’abandon où végétait la maison de Sampierre. Il est convenu que nous ne nous appesantirons pas sur ces détails, mais autour de la marquise Domenica tout était de même. Il semblait