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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/143

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sures qui flanquaient la « grande maison », Savta ralentit le pas tout à coup.

— Je ne suis jamais venue jusqu’ici, murmura-t-elle d’un accent effrayé. C’est la ruelle qu’on voit de la pelouse ?

— Oui, répondit Mlle d’Aleix. Voici notre saut de loup, sur la droite, à cinquante pas de nous. Tu te reconnais ?

Savta fit le signe de la croix et pensa tout haut :

— C’est là que l’homme a été tué !

Elle frissonna.

— Et c’est là, ajouta-t-elle en pointant du doigt le logis de la Tartare, que j’ai vu le visage d’une morte, Phatmi, notre ancienne première… Je n’irai pas plus loin, princesse.

— Nous sommes arrivées, dit Charlotte qui s’arrêtait à la porte de la Grande-Maison.

Savta releva son voile pour regarder en l’air.

— Ah ! fit-elle, c’est ici que demeure le gros homme avec son soldat. Jésus Seigneur ! boit-il assez de bière ! j’ai cru reconnaître une fois le comte Pernola dans la chambre du haut, mais je me serai trompée.

Mlle d’Aleix tourna le bouton de la porte extérieure. Elle s’engagea avec Savta dans l’escalier qui était de bonne largeur, malgré l’exiguïté du bâtiment, et formé de marches très-basses. Il n’y avait qu’une porte sur le carré du second étage. Charlotte y frappa.

— Est-ce déjà vous, ma belle voisine ? demanda la voix essoufflée du père Preux.

— C’est moi, répondit Charlotte.