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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/149

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Au bout de quelques pas, Savta, qui la sentait frissonner, reprit :

— On n’a pas idée d’aller chez des personnes pareilles !

Cette fois, Mlle d’Aleix répliqua :

— Du moment que vous êtes avec moi, ma chère bonne, je n’ai jamais de crainte !

— Et vous ne faites rien de mal, c’est sûr, pauvre chérie ! interrompit Savta. Mais je suis chargée de vous, et je voudrais pourtant bien savoir ce que vous cherchez comme cela par monts et par vaux.

— Le sais-je moi-même ? murmura Mlle d’Aleix d’un ton de profonde tristesse, celui sur qui je comptais le plus m’a peut-être abandonnée…

Elle s’interrompit brusquement et sa voix changea du tout au tout pendant qu’elle reprenait :

— Je n’ai pas le droit de faiblir et Dieu est bon. Qui sait si le salut n’est pas tout près de nous ?

Savta regarda à sa montre.

— Rentrons déjeuner, dit-elle : je n’aime pas quand vous changez vos heures ; c’est mauvais pour votre estomac. Il faut prendre quelque chose.

Mais Charlotte appelait justement un fiacre qui passait. La bonne gouvernante poussa un gros soupir en grommelant :

— Ce n’est plus une vie, quand les heures des repas n’y sont plus !

Elle monta néanmoins la première. Charlotte dit au cocher :

— Rue des Canettes, no 15.