Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/167

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Ses yeux rayonnaient l’amour sans bornes, l’amour naïvement triomphant.

Mlle d’Aleix ne voyait point cela ; ses paupières s’étaient fermées.

Et pourtant de belles nuances roses revenaient doucement à ses joues.

Mais elles veulent être abondamment rassurées. Charlotte répétait en un mouvement charmant :

— Je vous en prie, ne mentez pas !

— Et pourquoi mentirais-je ? s’écria enfin Édouard. C’est vrai que je ne savais pas encore tout à l’heure à quel point je vous appartiens. Regardez-moi, Charlotte, vous verrez bien que je dis la vérité : Jamais je n’ai aimé que vous, jamais je n’aimerai que vous !

Elle souriait déjà, mais elle ne rouvrait pas encore les yeux.

Il fallut, pour relever ses paupières, le souffle même d’Édouard, dont la bouche effleurait presque ses lèvres.

Elle se renversa si belle qu’il ressentit comme une douleur dans la joie qui gonflait sa poitrine.

— Vous la connaissiez avant moi, dit-elle encore ; vous m’avez refusée quand je vous ai prié de ne plus la voir…

— Vrai, fit Édouard, est-ce que vous avez peur d’elle !

— Hier enfin, continua Mlle d’Aleix, hier au soir, vous m’aviez promis de venir…

— Ah ! s’écria Édouard dont la physionomie changea